Le paiement de rançons contre la libération des otages est une forme de financement du terrorisme dans la région du Sahel et constitue une violation flagrante des conventions internationales, a estimé mardi l’expert international spécialiste des menaces au Sahel et des flux migratoires, Hassan Kacimi.
Dans un entretien accordé au journal « El-Massa », M. Kacimi a précisé, à propos du deal conclu début octobre au Mali par des parties étrangères pour la libération d’otages, que « la libération de plus de deux cents (200) terroristes en échange de la libération de trois (3) otages européens est une forme de financement du terrorisme dans la région du Sahel et constitue une violation flagrante des conventions internationales ».
« Ce n’est pas la première fois que la France agit de la sorte. Elle a déjà payé par le passé près de 60 millions d’euros pour la libération de ses otages », a souligné l’expert international.
M. Kacimi a étayé son analyse en rappelant le reproche adressé à la France à ce sujet en 2014 par l’ancien président américain, Barack Obama, via le New York Times, en raison du paiement d’une rançon aux terroristes qu’il avait apparenté à « un financement indirect des terroristes ».
Et de rappeler que « l’Algérie était le premier pays à proposer la criminalisation de cet acte, eu égard aux gains énormes qu’il procure via la promotion du blanchiment d’argent ».
« La région du Sahel est devenue, sous couvert de la lutte antiterroriste, un terrain propice aux ingérences afin de s’accaparer et de dominer les richesses souterraines, notamment les minerais et les matières énergétiques », a souligné M. Kacimi.
La militarisation des pays du Sahel est en réalité, selon le même expert, « le reflet d’un dogme occidental dont les précepteurs s’emploient à envahir l’Afrique pour la coloniser sous le fallacieux alibi de lutte antiterroriste et de coopération pour le développement durable ».
Il suffit simplement de rappeler ici, poursuit-il, « l’immixtion occidentale en Libye ayant suscité l’explosion du terrorisme au Sahel en le transformant en base arrière du terrorisme international ».
« Le scénario délibéré visant à déstabiliser un continent tout entier et non pas seulement la région du Maghreb, met en évidence des indices puissants et féroces entre deux alliances stratégiques paradoxales imitant le scénario de la guerre froide mettant en conflit les pays libéraux à l’alliance sino-russe », a-t-il conclu.